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L'aphasie

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Définition

L’aphasie est un « trouble des fonctions langagières qui survient suite à une lésion du système nerveux central chez un individu qui maîtrisait normalement le langage avant l’atteinte cérébrale » (Seron et Feyereisen, 1982). Elle peut provoquer des troubles de l’expression et/ou de la compréhension, au niveau du langage oral et/ou du langage écrit.
Dans une approche sociale, elle est définie comme un trouble acquis du langage, d’origine neurologique, qui masque la compétence normalement révélée par la conversation (Kagan, 1993).

 

Causes

La cause la plus fréquente d’aphasie est l’Accident Vasculaire Cérébral (A.V.C.), qui peut être de nature ischémique (occlusion d’une artère provoquant un arrêt de l’irrigation cérébrale, 80% des A.V.C.) ou hémorragique (rupture d’une artère).
Les autres étiologies sont :

  • les traumatismes crâniens, qui provoquent des lésions localisées par contusion ou par hématome
  • les tumeurs cérébrales : méningiome de nature bénigne, gliome, métastases cérébrales
  • les maladies dégénératives : maladie d’Alzheimer, démence vasculaire, aphasie primaire progressive
  • les maladies infectieuses (encéphalites) ou inflammatoires.

 

Epidémiologie

Sur les 120 000 nouveaux cas d’A.V.C. par an, 10 à 15% occasionnent des troubles du langage. On estime à 250 000 le nombre de personnes aphasiques en France. Ce nombre augmente de 12 000 à 15 000 chaque année.

 

Sémiologie aphasique

I. Troubles de l’expression orale

1) Anomalies du débit

  • Réduction : le débit est lent, les pauses sont fréquentes. On peut observer jusqu’à un mutisme aphasique.
  • Augmentation = logorrhée : le débit est rapide, difficile à interrompre. Le discours est habituellement peu informatif.

2) Réduction qualitative

  • Réduction du stock lexical
  • Stéréotypies : productions limitées à la répétition du même segment linguistique (il peut s’agir d’une syllabe, d’un mot, d’une expression)
  • Persévérations : ce sont des mots, des phrases ou des expressions qui viennent d'être utilisés, et qui reviennent hors de propos perturber le discours présent.

3) Manque du mot

Difficulté, voire impossibilité, à produire un mot dans différentes situations d’énonciation. On parle couramment du phénomène de « mot sur le bout de la langue ».
Ce trouble se marque en langage spontané par des hésitations, des latences anormalement longues, l’utilisation de mots très généraux de remplacement (« truc »,…), de périphrases, de superordonnés, ou de mots proches.

4) Paraphasies

Production d’un mot pour un autre, de manière non intentionnelle.

  • Paraphasies phonétiques : réalisations inadéquates de certains phonèmes = difficultés articulatoires (par exemple /hôbidal/ pour « hôpital »)
  • Paraphasies phonémiques : les phonèmes sont mal choisis et souvent produits en désordre (par exemple /vitru/ pour « voiture »)
  • Paraphasies verbales morphologiques : substitution d’un mot par un autre mot de la langue, assez proche (par exemple « bouton » pour « mouton »)
  • Paraphasies verbales sémantiques : substitution d’un mot proche au niveau sémantique (par exemple « orange » pour « citron »)
  • Néologismes : production d’un segment verbal n’appartenant pas à la langue (exemple : « méjar »)

5) Agrammatisme et dyssyntaxie

  • Agrammatisme : les structures syntaxiques sont simplifiées et peu diversifiées (verbes employés à l’infinitif, utilisation incorrecte des accords, disparition des mots de liaison...)
  • Dyssyntaxie : présence d’anomalies dans la construction des phrases (emplois d’un mot grammatical à la place d’un autre, perte des rapports grammaticaux entre les mots…)

6) Jargonaphasie

Production linguistique présentant un nombre important de paraphasies et de néologismes, au point de rendre le langage inintelligible. On parle de jargon sémantique, phonémique ou néologique selon la prédominance de l’une ou l’autre de ces transformations.

7) Troubles de la prosodie

Altérations de la mélodie du discours.

  • Aprosodie : disparition de la prosodie (monotonie).
  • Dysprosodie : atténuation de la prosodie et tendance à la syllabation. On peut parfois observer l’apparition d’un pseudo-accent étranger.


II. Troubles de la compréhension auditive

1) Surdité verbale

L’identification des sons linguistiques est impossible, alors que celle des sons non verbaux est préservée. Le patient s’aide du contexte et de toute la communication non-verbale pour avoir accès au sens.

2)  Perte du lien signifiant/signifié
Le patient peut répéter le mot mais n’a pas accès au sens.

3)  Confusions phonologiques
4)  Confusions sémantiques
5)  Confusions morphosyntaxiques

Remarques :

  • La compréhension dépend de l’état de fatigue du patient et du contexte.
  • Elle peut parfois être améliorée par certaines aides (communication non-verbale, contexte sémantique, accentuation des traits prosodiques…)
  • Les patients présentant des troubles sévères de la compréhension ont souvent une anosognosie de leurs difficultés, aucune stratégie de compensation n’est donc mise en place.

 

III. Troubles du langage écrit

A) L’expression écrite
Chez la plupart des patients, le trouble s’exprime de la même façon à l’écrit et à l’oral.

1) Anomalies du débit

  • Réduction : souvent plus sévère et plus durable que la réduction du langage oral.
  • Graphorée : très rare.

2) Réduction qualitative

3) Manque du mot

4) Transformations du langage écrit

  • Trouble du graphisme avec déformations de lettres, troubles en relation avec des anomalies motrices ou praxiques.
  • Paragraphies littérales ou graphémiques = transformations dysorthographiques. On note des élisions, des additions, des déplacements et/ou des remplacements de lettres (par exemple « bavab » pour bavard)
  • Paragraphies sémantiques : substitution d’un mot par un autre
  • Néologismes écrits

5) Agrammatisme et dyssyntaxie

6) Jargonagraphie

 

B) La compréhension écrite et les troubles de la lecture à voix haute
1)  Alexie agnosique
Difficultés à reconnaître les lettres.

2) Paralexies

En lecture à voix haute, on peut repérer des paralexies sémantiques (« lac » est lu étang) ou morphologiques (« littérature » est lu « littéraire »).

3) Jargonalexie

La lecture à voix haute est tellement perturbée qu’elle en est inintelligible.

4) Agrammatisme et dyssyntaxie

5) Erreurs de régularisation de la prononciation

Le patient lit les mots quasi phonétiquement (pouls est lu « poule »).

 

Il faut garder à l’esprit que :

  • Le tableau clinique peut varier d’un moment à l’autre, selon le niveau de fatigue et de stress du sujet.
  • Les troubles varient d’un patient à l’autre, chaque tableau clinique est spécifique à un individu.
  • Les symptômes peuvent s’exprimer avec plus ou moins d’intensité, ils peuvent être massifs ou très discrets.

 

 

Copyright © 2006 Nathalie Simon